Chenal et port de Neyran

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Soulac-sur-Mer

Le chenal de Neyran, le plus méridional de la paroisse, est représenté sur la carte de Masse avec un tracé légèrement sinueux. Il alimentait les marais salants et était donc utilisé comme port salicole mais également comme lieu de déchargement.

La présence des marais salants est bien visible sur les cartes de Masse au début du 18e siècle et sur la carte de Belleyme en 1774-1776. Au début du 18e siècle, les salines de Soulac occupent 283 ha.

D'après la comparaison des cartes anciennes, le chenal de Neyran a probablement été canalisé au cours du 18e siècle, son tracé devenant plus rectiligne. Ces travaux ont sans doute accompagné l'assainissement des terres alentour, lesquelles étaient souvent inondées par les eaux estuariennes comme l'indiquent les cartes de Claude Masse. Dans son mémoire, il décrit un terrain "bas, peu élevé au-dessus de la haute mer des grandes malines qui en innonderoit presque tout le païs de l’est de Soulac s’il n’étoit garenty par des digues qui enferment nombre de marais salants". Il indique donc la présence de digues dès le début du 18e siècle pour protéger les terres des envahissements des eaux, entre le chenal de Soulac et celui de Neyran. Le plan cadastral de 1833 représente précisément la digue protégeant les terres entre le chenal de Neyran et celui de Talais, puis un tronçon au nord du chenal de Neyran et enfin la "digue du Conseiller" au Verdon. Les chemins ou passes aménagés pour circuler dans les marais constituaient également des levées formant des digues "dormantes".

La première mention explicite d’une assemblée des propriétaires des marais remonte au 4 juin 1789 : ils forment le syndicat des prés doux de Soulac. Les marais doux étaient régulièrement inondés, ce qui empêchait toute mise en culture : l'un des objectifs principaux fut l'entretien du chenal de Neyran. L’abbé Baurein mentionne une écluse aménagée sur le chenal à une demi-lieue de la Gironde, qui servait à réguler le niveau des eaux. Auparavant, il semble que l'entretien du chenal dépendait de propriétaires privés, M. d'Arès puis Daugeard.

À la suite de la loi de 1807, 23 syndicats de marais sont créés en Gironde. A Soulac, le syndicat des prés salés est formé en 1816 (en 1818, il fusionne avec le syndicat des prés doux de Soulac, puis en 1843 devient syndicat des marais de Soulac) et le syndicat du Conseiller en 1843.

En 1816, les propriétaires construisent une nouvelle écluse dans le chenal de Neyran. En 1821, des travaux sont entrepris sur le chenal obstrué par un banc de sable : les eaux ne peuvent donc plus s'écouler et les terres sont inondées.

A partir de 1847, le syndicat des marais de Soulac prévoit l'aménagement d'une cale et de quais près de la route départementale pour en faciliter l'accès. Le problème du financement de ces équipements en suspend la réalisation.

En 1859, M. Delignac, propriétaire des marais salants de Soulac, résidant au domaine de Neyran, se plaint du désordre dans lequel les matériaux et marchandises sont déposés sur le port.

En 1886, un projet de cale inclinée avec perré est proposé. Les Ponts et Chaussées rappellent alors que le port de Neyran dépend du syndicat des marais, responsable de son entretien et de son aménagement.

Aucune amélioration n'est apportée et le port de Neyran continue à être utilisé tant bien que mal. Ainsi, un carnet de l'entrepreneur Georges Chollet (1898) indique que des gabarres chargées de pierres et de moellons provenant des carrières du Médoc (Saint-Germain-d’Esteuil, Bégadan) et de Charente y accostaient ; la pierre provenait également de Bourg-sur-Gironde et de Sireuil.

Cette zone de marais au sud du chenal de Neyran, s'étendant sur la commune voisine de Talais, sous le nom des Mattes de Paladon (374,45 hectares) est depuis 2003 protégée par le Conservatoire du littoral.

Périodes

Principale : 1er quart 18e siècle

Principale : 2e moitié 18e siècle

Principale : 1er quart 19e siècle

Le chenal de Neyran traverse la partie sud-est de la commune de Soulac, rejoignant l'estuaire selon un tracé quasi rectiligne. Il collecte les eaux des fossés secondaires et du marais de la Palu ou de Lilhan. Il joue un rôle essentiel dans l'assainissement de ces terres marécageuses et des terres basses, dites "mattes".

La route D1E4 l'enjambe au sud du Château de Neyran. Plus à l'est, une vanne à crémaillère y a été installée. Un petit hameau s'est développé à cet endroit, à proximité également des anciens marais salants au nord, qui marquent encore le paysage. C'est à l'aval de cette écluse que la cale du port devait être aménagée : c'est là en tout cas que les marchandises étaient déposées, ramenées par des barques à fond plat. Plus d'un kilomètre sépare le port des rives de l'estuaire.

En atteignant le rivage, on observe au nord, le muret d'une ancienne digue protégeant les cultures des inondations. Au sud du chenal, la digue est constituée d'une levée de terre avec enrochements renforcés par des épis.

Des éléments du Mur de l'Atlantique sont également conservés.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Soulac-sur-Mer

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Port de Neyran

Cadastre: 2017 OC 292, 295 (Chenal non cadastré.), 1833 C (Chenal non cadastré.)

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